MÉPRISES & FAUX-SEMBLANTS

Jean Cazelles n’affirme rien, il suggère, et nous propose, dans un langage peu conventionnel qui ne se livre pas au premier instant, des fragments spectacles capables de déclencher notre lyrisme intérieur…

Jean-Claude Gautrand, photographe, journaliste et historien de la photographie

 

Jean Cazelles magnifie le fragment, l’insignifiant, le tout petit qu’il transfigure par l’usage absolu de l’argentique et du noir et blanc. Une quête de lumière et d’ombre, dont on ne sait laquelle enfante l’autre.

Jeanne Fouchet-Nahas / Connaissance des Arts

 

MÉPRISES & FAUX-SEMBLANTS

A l’affût des télescopages visuels les plus accidentels et les plus prometteurs, entre “Méprises & Faux-semblants” – titre de mon dernier ouvrage –, je réveille nombre de contenus sédimentés dans les strates palimpsestes d’un fonds déterminant ; voila ma façon d’être au réel et de l’exhorter. Sans totalement le mettre en défaut, sans le renier, l’intercesseur photographe d’hier, devenu arpenteur de l’invisible, se plaît à bousculer ici quelques certitudes.

Après 50 ans d’une pratique toujours un peu rebelle, ma relation au médium photographique est devenue si fusionnelle, que l’adversité constructive qui pimente l’acte créatif finit par compter tout autant que l’exaltation que donne naturellement son aboutissement. Je parle bien sûr de mon approche singulière de la photographie argentique. Ce procédé spécifique qui a toujours généré chez le nostalgique du geste pictural que je suis, le besoin récurrent de courtiser le support, me permet aujourd’hui d’aspirer à de riches ailleurs insoupçonnés en prenant à revers l’objectivité supposée de la photographie. Ainsi affranchi de toute fidélité, j’essaie de porter la densité plastique à son paroxysme, quitte à rendre mes photographies très obscures ; mais la matière noire de mes tirages n’est pas de même nature que l’obscurité physique, simple absence de lumière. C’est elle au contraire qui détient l’information lumineuse dont le noir est l’ultime trace.

Peu enclin à conceptualiser, je me contente de dire la fragilité du regard confrontée à la subtilité trompeuse des choses. Avec “Méprises & Faux-semblants”, série au long cours d’extraction et de sublimation que d’aucuns tiennent à inscrire dans le champ de la peinture ou de la gravure, j’invite chacun à vaguer dans l’aire de tous les possibles où l’unicité de chaque tirage tente de répondre à une nécessité émotionnelle et sensuelle quasi-picturale.

Jean Cazelles