Né en 1962 à Toulouse, Alain Garrigue vit et travaille à Toulouse.

Artiste pluridisciplinaire : tout à la fois peintre, auteur de bande-dessinée et écrivain, il développe son travail de plasticien autour des notions parallèles de la vision et de la lecture d’une œuvre.
Il est également professeur de peinture à l’école des Beaux Arts de Carcassonne.

Il a suivi une formation aux Beaux-Arts de Toulouse (1980-1982), puis aux Beaux-Arts de Paris (1982-1986), et il est titulaire du Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique (DNSEP – Mention « très bien », avec félicitations du jury).

« Précoce, Alain Garrigue publie dès l’âge de dix ans ses premières planches dans le magazine Haga. Par la suite, il réalise différentes illustrations dans la Dépêche du Midi. Parallèlement, il fréquente les Écoles des Beaux-Arts de Toulouse, puis de Paris. S’associant avec Jean-Luc Coudray, il réalise « Séjour en Afrique », son premier album BD, aux Éditions Rackham, en 1989. Ce recueil remporte aussitôt l’adhésion du public et est couronné par l’Alph’Art Coup de Coeur au salon international de la bande dessinée d’Angoulème. A partir de 1990, il entame les Aventures d’Alex Russac, une série publiée aux Éditions Delcourt. En quelques ouvrages, Alain Garrigue s’impose par son graphisme nerveux et réaliste. Avec Alex Russac, il se révèle par ailleurs être un très bon scénariste. »


Dictionnaire mondial de la Bande Dessinée (Larousse)

 

 

Au sortir des Beaux Arts de Paris, il vit 11 ans à Paris et partage alors sa création entre BD et peinture, développant une recherche parallèle où ces deux médiums, antagonistes dans la forme, concourent à mettre en place un enrichissement mutuel centré sur la question du regard : de façon paradoxale peut-on lire une peinture et regarder une planche de BD ? La notion de « récit » devient alors centrale dans son travail et le fait naturellement aborder l’écriture.

En peinture, son travail s’organise d’abord en séries : « Le Tarot de Toulouse » (1984-85), « Les Foules » (1986-88), « Les Grotesques » (1989-95) puis évolue, à partir de 1996, vers une recherche centrée sur les signes et leur force d’attraction. De retour à Toulouse, à partir de 2002, il intègre à ses peintures diverses formes graphiques tirées de « modes d’emploi » glanés sur les paquets de produits de consommation courante et se met dès lors à interroger le format de ses peintures en démultipliant le cadre, produisant ainsi triptyques et polyptyques où sont intégrés gravures, symboles ou textes.  

Pendant deux ans, de 2007 à 2009, il loue un atelier à New York puis se partage entre ses deux ateliers de Toulouse et de Paris jusqu’en 2012, date à laquelle il réintègre son atelier de la ville rose où il crée les Editions « La Graine a Rugi », petite maison d’édition indépendante produisant livres d’artistes, plaquettes de littérature, multiples et sérigraphies.

Pédagogue, il est également professeur de peinture et de BD à Toulouse aux Ateliers La Graine a Rugi (de 2001 à 2016) et intervient comme artiste plasticien lors de différents projets pour l’Education Nationale dans des collèges ou des lycées en Midi Pyrénées.

À partir de 2013, il est nommé professeur de peinture et de BD à l’Ecole des Beaux Arts de Carcassonne.

 

Le fait de peindre sur kraft tendu au mur désacralise l’objet même du tableau, le réduisant (au sens primitif du terme) durant toute la durée de son élaboration à une pure surface plane, sans épaisseur aucune. Un lieu vierge de toute compacité, à l’intérieur duquel je me suis toujours senti à l’aise pour élaborer mes procédures, aménager mes tracés, délier mes lignes, étaler mes couleurs et apposer ma matière. Un champ clos et dégagé, pourtant, de tout oripeau trop pesant. Plusieurs lâchages de lest me sont proposés alors : une liberté de création, une expérimentation accrue du fait du moindre coût de l’opération ainsi qu’un gain de place lors du stockage des travaux réalisés permettant de donner libre court à une production plus importante. Je roule mes peintures et peux du coup thésauriser à loisir dans un coin de l’atelier des grands formats que je ne marouflerai ensuite qu’au grès des expositions. Parois de la caverne. En peignant, j’ai le sentiment d’intervenir ainsi sur le mur lui-même, comme un graffeur, sans ressentir sous mes pinceaux l’irruption ambiguë d’une toile, l’épaisseur sacralisée d’un châssis, dans un rapport faussement éphémère avec ma peinture. Cet élément de légèreté est essentiel pour démarrer ma déambulation colorée, même si je sais que la finalité de mes couches de peinture tend à se matérialiser en trois dimensions lors du marouflage, comme si je devais détacher au burin un morceau du mur où se trouve tracée ma peinture. Ces deux étapes bien distinctes procèdent chacune d’une logique différente : liberté aérienne du tracé ou du recouvrement lors de l’élaboration de la peinture ; ancrage dans une matière, un objet épais, lors de la mise en forme définitive. Et cette dernière étape n’est en rien accessoire, car si j’ai besoin de lâcher des sacs de sable lors de l’ascension, il est essentiel d’arrimer solidement in-fine l’image advenue pour qu’elle ne papillonne pas aléatoirement dans les airs comme ces paperolles de journaux brulés voltigeant au-dessus du feu. J’ai d’ailleurs fait plusieurs fois l’expérience avec des personnes différentes qui n’arrivent pas à « voir » mes peintures lorsqu’elles sont encore sur kraft libre, et qui les découvrent ensuite une fois marouflées sur bois ou toile et châssis.” (Alain Garrigue)